Voyage Á Vélo : Comment Camper Et Bien Manger Sur La Route ?

Le campement est une des questions qui revient le plus souvent. Où campez-vous ? Demandez-vous l’autorisation ? Est-ce risqué ?

La réponse est assez compliquée, ça dépend beaucoup des pays, vous pourrez trouver plus d’informations dans ce dossier spécifique aux voyages à vélo, des circonstances, des opportunités et du feeling sur le moment.

Où campons-nous ? Un peu n’importe où. Champs, forêts, bâtiments abandonnés, sur des chantiers, sous des ponts, dans la cour des gens, deux fois dans des décharges, du moment que nous sommes cachés et tranquilles pour la nuit. Il nous est arrivé plusieurs fois de changer de coin quand un local nous avait vus dans des pays dangereux. Lui n’est pas forcément un danger mais c’est la première chose qu’il va raconter en rentrant chez lui, au bar du village, et toute la ville sera au courant que vous campez à cet endroit. Par précaution, nous déménageons donc.

Nous ne demandons à l’habitant souvent qu’en dernier recours car après 100 kilomètres de vélo, la dernière chose que vous souhaitez faire est de raconter votre voyage une cinquantième fois et de parler pendant des heures. Pour cela, WarmShower ou certains groupes Facebook pour le voyage à vélo sont bien adaptés puisque vous êtes hébergés par des cyclistes qui vous comprennent. Dans les pays réputés dangereux, nos critères deviennent plus élevés et nous dormons plus souvent qu’à l’accoutumée chez l’habitant. Nous évitons aussi les bâtiments abandonnés. D’une part parce qu’on a déjà eu une expérience un peu flippante avec des gitans en Roumanie, et puis il y a toujours une vieille poutre qui grince qui va vous faire sursauter. Ça paraît souvent une bonne idée mais la nuit est rarement reposante, sans compter la propreté souvent négligée de l’endroit.

Nous ne demandons l’autorisation que si la maison du propriétaire est bien en vue. Mais pour les mêmes raisons que précédemment, nous préférons que personne ne se rende compte de notre présence. Il est de toute façon impossible de connaître le propriétaire la plupart du temps. Nous sautons souvent des barbelés ou ouvrons la barrière pour entrer dans le champ en douce. Parfois, le paysan passe le matin avec ses vaches, nous parle 10 minutes et s’en va.

Il est rare que le camping soit risqué, surtout si vous prenez vos précautions. Les malfaisants n’ont aucune raison de passer dans le champ ou la forêt s’ils ne savent pas que vous êtes là. Évidemment, si on vous dit que les FARC se cachent dans cette partie de la forêt et que vous allez y camper, c’est assez idiot. Il existe au contraire des pays comme la Nouvelle-Zélande où vous posez votre tente n’importe où : nous y avons dormi au milieu des villages. Le seul risque là-bas est qu’on vous offre un pot de miel pour le petit déj !

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En camping, votre meilleur ami sera le moustique. Surtout si vous avez décidé de ne pas prendre d’anti-palu en préventif, partez armer parce que lui l’est.
Utilisez les produits avec du DEET (c’est marqué dans les ingrédients : DEET ou diéthyl-3-méthylbenzamide), ce sont les plus efficaces. Achetez aussi les spirales qui se consument, disposez-en tout autour de votre campement le temps de manger si besoin et pensez à les éteindre avant de vous coucher. L’utilisation d’un réchaud repousse également l’invasion, il nous est arrivé de le laisser brûler pendant une demi-heure à vide.

Se nourrir et boire au jour le jour

Eau

Si vous avez l’estomac solide, vous n’aurez à payer que très peu d’eau au cours de votre voyage. À part dans les régions très désertiques où l’eau est rare et chère, personne ne rechigne à remplir vos bouteilles. Évidemment, c’est là où vous avez le plus besoin d’eau. Si vous êtes vraiment en manque, essayez d’arrêter les voitures pour vous ravitailler, les gens prendront souvent pitié de votre état misérable.

Les sources de ravitaillement principales du cycliste sont les stations-services. L’eau n’est pas toujours potable mais on n’a jamais eu de problèmes. Sinon, il y a souvent un robinet qui traîne (parfois à ouvrir avec une pince) autour des supermarchés, des fast-food, des centre-commerciaux. En Europe, les cimetières sont des sources très utilisées. Vous trouverez toujours de l’eau dans les pays développés.

Dans certains pays comme la Papouasie, vous devrez faire avec les rivières, comme les locaux : demandez-leur s’ils boivent l’eau. Notre règle est que si les locaux boivent, on peut le faire aussi et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à boire de l’eau jaunâtre en Moldavie, en Tanzanie, en Ouganda. À force, votre estomac s’internationalisera et ne craindra plus grand chose. En montagne, les sources d’eau naturelles manquent rarement. Et s’il arrive qu’il faille acheter un peu d’eau en Asie, ça ne coûte jamais bien cher. Quand votre seule source semble un peu viciée, vous pouvez faire bouillir l’eau pour tuer les bactéries. Votre dernière alternative est d’emporter des pastilles ou du produit liquide pour purifier l’eau. Le produit liquide est souvent en vente en supermarché dans les pays où l’eau n’est pas potable.

Si l’eau est polluée chimiquement et que vous êtes au milieu du désert sans personne autour : priez, vous allez mourir.

Nourriture

Au petit déjeuner

Les flocons d’avoine sont ce qu’on a trouvé de plus nourrissant, tant en quantité qu’en qualités nutritives. Chaud, avec beaucoup de sucre, du miel, du sirop d’érable, de la banane, un vrai petit déjeuner de champion ! La banane est le fruit le plus courant et le moins cher autour du monde. Et c’est très nutritif également. “Mangez des tonnes de bananes flambées !” Sinon, vous pouvez aussi les manger froides avec du sucre, de la poudre de noix de coco… Ou nature !

Au déjeuner et au dîner

Nous avons longtemps cuisiné du riz puis nous sommes passés aux spaghettis pendant un moment, agrémentés de thon, oignon, ail, sauce soja, mayonnaise, parfois un œuf ou deux. C’est à la base une recette venant d’un cycliste japonais que nous avons améliorée à notre sauce. C’est bon aussi avec du fromage, mais ça colle dans les popotes…. Et une banane pour finir ! Une autre recette facile à réaliser est composée d’oignons jaunes, riz, soupe de légumes en sachet, une boite de thon, un peu de sauce soja. L’avantage n’est qu’aucun des éléments ne périment facilement et les soupes en sachet permettent de varier les saveurs tous les jours.

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L’huile du thon permet aussi d’éviter que le riz colle ou de faire frire les oignons si on a un peu de temps.

En journée, des gâteaux ou des bananes font office de coupe-faim. Il est recommandé de manger des fruits secs ou des barres énergisantes mais votre budget va en prendre un coup.

Et puis, ne négligeons pas les petits bouis-bouis locaux qui offrent parfois des repas pour 1 ou 2$. Vous goûtez ainsi aux plats locaux à moindres frais, dans des endroits très pittoresques. Il est parfois même plus avantageux financièrement (en plus d’être moins chronophage) de manger dans une de ces cabanes bancales d’Afrique ou d’Asie plutôt que de préparer son repas au réchaud. Il ne faut juste pas trop craindre les cafards, mais les proprios seront souvent très heureux de servir un occidental.

Certains pays comme la Mongolie ont parfois deux menus dans les restaurants. Un écrit en cyrillique pour les locaux, l’autre en anglais, et les prix ne sont pas les mêmes. Il faut prendre les deux menus pour commander au bon tarif. Tout le monde se fait avoir.

Enfin, plus rare, les locaux prennent parfois pitié de vous et vous offrent de la nourriture et de l’eau. Cela arrive plus souvent dans les coins reculés où les conditions sont particulièrement dures (désert par exemple) et dans les pays arabes.

Budget et marchandage

Concernant les repas, la solution la moins chère est bien sûr de se faire inviter (la présence d’une femme facilite ce genre de pratique) ou s’imposer, mais vous n’êtes pas si malpoli. Sinon il faudra évidemment cuisiner avec les moyens dont vous disposez. Un réchaud est fortement recommandé pour cela, à moins de savoir-faire un feu en 30 secondes comme Bear Grylls et d’adorer les sandwichs ou les salades froides.

Il faudra aussi apprendre à marchander car vous aurez à le faire dans beaucoup de pays. Premièrement, si on vous annonce un prix ridiculement haut, annoncez un prix ridiculement bas, n’essayez pas d’être juste avec le marchand qui ne l’est pas. Quand je dis ridicule, c’est-à-dire qu’il faut presque avoir honte en le sortant. Essayez de lui faire baisser son prix plusieurs fois de suite sans dire le vôtre, voire même sans dire un mot. Utilisez d’abord les expressions du visage. Il est possible que vous passiez du double au simple rien qu’en rigolant à son premier prix ou en faisant la moue un instant.

Beaucoup de vendeurs ne voient que votre compte en banque et pratiquent le marchandage toute la journée. Si vous ne négociez pas, vous serez régulièrement le pigeon du jour. Même si c’est fatiguant, un marchandage est souvent très drôle si les deux parties jouent le jeu. Avec le temps, vous saurez repérer si ça vaut le coup de discuter ou non, certains veulent simplement arnaquer du touriste et n’accepteront jamais de vendre à un prix correct. Garder le sourire et savoir dire “bonjour”, “merci” et compter dans la langue facilite toujours la baisse du prix. Acceptez le fait que dans 99% des cas, vous ne payerez jamais le prix local même en restant toute la nuit. Le marchandage est souvent une tradition et cela peut vite s’avérer très fatigant quand on n’y est pas habitué. Dans ces pays, les supermarchés sont comme un “lieu de relaxation” puisque les prix sont affichés. C’est un peu plus cher que sur les marchés mais aussi plus simple, et cela force les marchands de tapis à ne pas trop en faire.

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Julien Lohier
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