Hypersensible et résilient : L’hypersensibilité est-elle une force qui permet la résilience ?

Hypersensible et résilient : L’hypersensibilité est-elle une force qui permet la résilience ?

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Article invité rédigé par Axelle Lazeve du site https://www.les-sensibles.fr

L’hypersensibilité et la résilience sont deux concepts qui semblent à première vue incompatibles, voire contradictoires.

Une personne hypersensible est perçue généralement dans notre culture européenne comme un être faible, fortement affecté par les événements de la vie. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres cultures, comme au Japon, où la sensibilité est valorisée. À l’inverse, une personne résiliente est vue comme quelqu’un qui est capable de traverser les épreuves difficiles, sans souffrance et qui s’en remet rapidement.

Or, l’opinion générale dans ces deux cas est tout simplement fausse, ou du moins réductrice.

Ces deux notions ont comme point commun d’être de plus en plus à la mode ces dernières années.

[Évolution des recherches en France depuis 2004 sur les termes « résilience » et « hypersensibilité »]

Hypersensible et résilient : L’hypersensibilité est-elle une force qui permet la résilience ?

Certains media ont vite fait de s’emparer d’un sujet « tendance » et de le vulgariser à outrance pour le jeter en pâture au grand public. Mais à force de simplification, on obtient des descriptions généralistes, vidées de sens, qui oublient que la nature humaine est complexe et que chaque être humain est unique.

En tant que personne intimement concernée par ces deux sujets, je vais dans cet article donner mon point de vue spécifique et à contre-courant sur la relation entre l’hypersensibilité et la résilience.
Cet avis provient d’une synthèse entre mon expérience de vie personnelle, mes recherches professionnelles, mes échanges avec mon audience et mes lectures sur ces sujets.

Malgré sa subjectivité, certains pourront y trouver leur bonheur.
Et si grâce à ces quelques mots, vous, hypersensible qui me lisez, pouvez être encouragé à devenir vous-même, sans renier votre belle sensibilité, alors j’aurai avancé d’un pas supplémentaire dans ma mission de vie.

Que sont la sensibilité et l’hypersensibilité ?

La sensibilité est une qualité innée chez l’espèce humaine

Notre culture associe généralement la sensibilité à la faiblesse.
Pourtant, qu’elle soit exacerbée comme chez les hypersensible ou pas, la sensibilité est une qualité inhérente à l’être humain.
Elle est développée, suffisamment ou non, suivant les circonstances de la vie, l’environnement familial, culturel et social.

Selon le dictionnaire du CNRTL , la sensibilité est :

Une « propriété des êtres vivants supérieurs, d’éprouver des sensations, d’être informés, par l’intermédiaire d’un système nerveux et de récepteurs différenciés et spécialisés, des modifications du milieu extérieur ou de leur milieu intérieur et d’y réagir de façon spécifique et opportune ».

Vue sous cet angle, la sensibilité devrait donc, bien au contraire, être considérée comme la normalité.

L’hypersensibilité est une sensibilité différente

Je n’aime pas beaucoup le terme « hypersensibilité ». Je l’utilise car il est évocateur et connu du grand public. Les personnes concernées se reconnaissent immédiatement.

Mais le préfixe « hyper » sert à indiquer la supériorité ou l’exagération d’une qualité.
Ce qui pourrait se traduire par une personne « au-dessus des autres » ou une personne « anormale ». Ce qui est faux dans les deux cas.

Donc, quand j’emploie les mots « sensibilité différente », je ne veux pas suggérer de notion de supériorité ou d’infériorité quant à la valeur globale d’une personne.
Chaque personne a ses spécificités, chaque être humain est singulier, hypersensible ou non.

Pour autant, le sentiment d’être « différent » est un constat que je fais systématiquement lors de la connaissance d’une nouvelle personne hypersensible et que j’ai vécu moi-même.

Oui, lorsque l’on est hypersensible, on se sent en décalage par rapport à son environnement social. Oui, on se sent généralement différent et incompris.
Et heureusement, oui, il y a des solutions pour neutraliser ces sentiments désagréables.

L’hypersensibilité est une sensibilité naturelle

La raison principale de l’hypersensibilité est physiologique, donc naturelle.
Une personne hypersensible est une personne dont le système nerveux réagit plus fortement que la moyenne aux stimuli internes et externes.

Elle va être assaillie par une foule de messages sensoriels. Qu’ils soient émotionnels, verbaux, comportementaux, intuitifs… Ce qui fait que le traitement de ces informations va être plus important et va générer une hyperstimulation du système nerveux (une forme de « mauvais » stress).

Ces messages n’étant pas perçus par la majorité des gens, ils peuvent s’étonner que les personnes hypersensibles en soient affectées.

L’hyperstimulation vécue par les personnes hypersensibles découlant de leur constitution physiologique, on peut donc parler d’un tempérament hypersensible.

La personne hypersensible va également être affectée par des pensées automatiques anxieuses qui entraînent des émotions inconfortables.

Elle va intuitivement traiter des informations de manière semi consciente, voire inconsciente. Ce qui fait qu’elle va « savoir », sans comprendre pourquoi et donc sans parvenir à l’expliquer (Source : livre « Hypersensibles – Mieux se comprendre pour s’accepter » d’Elaine N. Aron).

Ces émotions et intuitions sont souvent perçues par l’environnement social comme « exagérées » voire inventées. Ce qui va donner à la personne hypersensible l’impression d’être jugée ou dénigrée dans son ressenti et dans son être.

À cause de ces réactions de son environnement, la personne hypersensible va éprouver des sentiments de désarroi et de solitude. Ces sentiments vont renforcer son ressenti global d’être « différente ». Ce qui peut l’éloigner des personnes qui ne comprennent pas sa sensibilité particulière et l’inciter à s’isoler.

Hypersensible et résilient : L’hypersensibilité est-elle une force qui permet la résilience ?

Être hypersensible est-ce un atout ?

Ce que je crois profondément c’est qu’oser se montrer vulnérable et dévoiler ses émotions sont la preuve d’un courage émotionnel et d’une honnêteté intellectuelle que peu de personnes ont.

À partir du moment où on considère l’hypersensibilité comme un tempérament, celui-ci induit obligatoirement des aspects appréciables et d’autres qui le sont moins. Comme chez n’importe quel être humain.

C’est à nous, en tant qu’individu responsable, de tirer parti de nos forces, qui sont celles que nous « élisons », que nous reconnaissons comme telles et que nous développons. Elles peuvent être différentes pour chacun d’entre nous.

L’hypersensibilité n’est pas en soi le problème, c’est l’absence d’acceptation que nous avons d’elle qui en est un. À partir du moment, où nous apprenons à connaître notre tempérament, à développer nos compétences et à respecter nos besoins, alors notre hypersensibilité révèle ses aspects les plus appréciables. Elle devient une force.

Être hypersensible et en harmonie avec son tempérament

La confusion entre faiblesse et hypersensibilité vient du fait que notre cerveau est conçu pour d’abord voir ce qui « cloche ». Nous pensons seulement aux aspects négatifs.

Nous évoquons seulement les personnes hypersensibles qui :

ne connaissent pas suffisamment leur tempérament (donc leurs besoins) ;

• qui souffrent d’un déficit d’estime de soi ;

• ou qui n’ont pas encore pansé d’anciennes blessures

Des personnes hypersensibles peuvent, comme n’importe qui, souffrir de troubles pathologiques tels que la dépression, la bipolarité, etc.
L’hypersensibilité étant encore peu connue des médecins, l’amalgame est parfois vite fait entre ces troubles mentaux et l’hypersensibilité. Jusqu’à confondre celle-ci avec une maladie, ce qu’elle n’est pas !

Mon message est que nous pouvons être en harmonie avec notre tempérament et en tirer le meilleur pour nous et notre entourage.

Un hypersensible équilibré est quelqu’un qui connaît et respecte ses besoins essentiels. Il sait écouter ses émotions et en extraire des informations précieuses, au lieu d’essayer de les repousser.

À mon sens, cette personne hypersensible qui a appris à développer ses compétences sociales et sa confiance en soi est tout sauf un être faible !

Dans cet article, je veux justement vous parler d’une de ces forces que nous pouvons développer, qui me semble découler de notre tempérament hypersensible : la résilience.

La résilience : bref historique de l’évolution du mot

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Avant d’évoquer le rapport entre l’hypersensibilité et la résilience, je voudrais préciser la signification que je mets derrière ce dernier terme.

Le directeur de recherches à l’université Paris X et psychanalyste Serge Tisseron explique (Dans son livre « La résilience » – Collection « Que sais-je ? » publié en 2007) que la résilience est généralement perçue comme une sorte de vaccin psychique qui protégerait des traumatismes.

Les déclinaisons du mot « résilience » sont multiples. Plusieurs disciplines l’utilisent :

• la résistance des matériaux – qui est à son origine – ;

• la géographique des risques ;

• le développement durable ;

• l’urbanisme ;

• et bien sûr : les sciences humaines.

Sa signification est ainsi passée en quelques années à la désignation d’un rebond, puis à la capacité de mobiliser instantanément des défenses efficaces en cas de stress.

Pourtant la racine latine du mot resilire nous propose une autre signification : délier les effets d’un traumatisme sur soi.
La résilience ainsi envisagée n’est plus une sorte de pouvoir de résister à tout mais la capacité de se reconstruire en cas de choc.

En pratique, les deux significations coexistent.

Qu’est-ce que la résilience ?

On pourrait dire de la résilience qu’il s’agit d’une compétence intra-personnelle. Et que, comme toute compétence, elle peut s’apprendre.

Mais ce serait donner une vision incomplète de ce phénomène complexe.

Surtout, cette définition tronquée serait culpabilisante pour les personnes qui ont subi des traumatismes et qui ne parviennent pas à s’en remettre.
Sur la base de la croyance « quand on veut on peut », il faudrait admettre que si l’on veut vraiment s’en sortir, si l’on y met des efforts et de la détermination alors, cela arrivera.

Or, la réalité est moins simple.

Je pense qu’il faut combattre l’idée absurde selon laquelle une personne résiliente pourrait continuer sa vie après une expérience traumatisante sans manifester aucun signe de désorganisation psychologique.

Les traumatismes laissent toujours une trace !

Faire preuve de résilience, c’est parvenir à poursuivre son chemin et à trouver un sens à sa vie malgré l’expérience traumatique.
Cela ne signifie pas que l’on peut surmonter toutes les difficultés ultérieures comme si de rien n’était ! Cela ne veut pas dire non plus que l’on ne souffre pas en vivant ces expériences douloureuses.

Être résilient, c’est être capable de se relever après être tombé, de prendre un nouveau départ, de se reconstruire. Non pas comme à l’identique, mais avec et malgré ses fêlures.

Cette capacité n’est pas un pouvoir magique mais un assemblage complexe de processus psychologiques et de compétences qui se mettent en place avec le temps.

Hypersensible et résilient : L’hypersensibilité est-elle une force qui permet la résilience ?

Être résilient c’est prendre soin de sa blessure, ne pas chercher à la masquer mais au contraire à la valoriser.

À la façon du « kintsugi » (Kintsugi, l’art de la résilience – Livre de Céline Santini), cet art japonais ancestral qui invite à réparer un objet cassé en soulignant ses cicatrices de poudre d’or.
Cette technique, découverte au XVème siècle est, plus qu’une pratique artisanale, une symbolique de la guérison et de la résilience.

Soignée, honorée, la blessure de la personne résiliente lui permet d’assumer son passé et de devenir – paradoxalement – plus belle, plus résistante, et plus précieuse qu’avant le choc.

Cet art symbolise bien le long processus de guérison que nécessite toute blessure physique ou émotionnelle.

Tel un kintsugi vivant, vous pouvez vous aussi, être transformé et renforcé par vos épreuves. Vos cicatrices, visibles ou invisibles, sont la preuve que vous avez survécu, elles vous apportent un supplément d’âme.

« Bienheureux les fêlés, car ils laisseront passer la lumière. »
Michel Audiard

Quatre preuves que les hypersensibles sont naturellement résilients

Une personne hypersensible connaît des hauts et des bas émotionnels. On évoque plus souvent les bas que les hauts.
Pourtant, la capacité que nous avons à ressentir fortement les émotions et les sentiments et un bien précieux et participe à notre résilience.

Les petites joies

L’intensité des émotions que nous ressentons nous permet de passer d’un état émotionnel à son état opposé avec facilité. Même si nous sommes très tristes, en fixant notre attention sur quelque chose qui nous met du baume au cœur, nous pouvons nous détacher de notre tristesse et aller vers l’apaisement.

Nous nous réjouissons de toutes petites choses. Des choses qui paraissent la plupart du temps anodines pour des personnes dotées de moins de sensibilité.

Cet avantage provient d’un mélange entre ce que j’appelle personnellement :

• « mon sens de l’esthétique » (l’attirance pour ce qui me semble beau, harmonieux) ;

• Une curiosité enfantine pour tout ce qui se passe autour de nous ;

• L’attention que nous prêtons aux détails ;

• Un état d’esprit positif pour ceux d’entre nous qui ont su le développer.

Mes petits plaisirs, peuvent être :

• D’observer les moineaux se baigner dans la soucoupe d’eau que je leur laisse sur ma terrasse. Les voir se trémousser dans l’eau et se chamailler pour entrer dans leur bain me met en joie.
Les oiseaux en général et les passereaux en particulier, me fascinent (le logo de mon site n’est pas anodin).
Je suis impressionnée par ces petits êtres vivants qui ne pèsent que quelques grammes et qui résistent aux pires intempéries, au froid, aux voyages au long cours que certaines espèces s’imposent…
Si je devais trouver un exemple de résilience dans la nature, c’est celui que je choisirais !

• Randonner en montagne, observer les insectes colorés, les formes des nuages, les différentes tonalités de vert ou de brun qui s’harmonisent si bien.
Malgré les années, je ne suis jamais blasée des beautés de la Nature. C’est un plaisir et un ressourcement sans cesse renouvelé.

• Manger du pain frais au petit-déjeuner.

• Dépasser à vélo les files de voiture…

Et tant d’autres petites joies qui ne coûtent rien et que personne ne savoure… à part vous peut-être ? 😉

Les explosions de bonheur

Il m’est arrivé souvent de ressentir un sentiment de liberté incroyablement intense en voyage à vélo.
Quand je me retrouvais en pleine nature sauvage, au milieu d’un paysage préservé, d’un environnement naturel extraordinaire. Sachant que j’étais libre d’aller où je voulais.
L’émotion était si forte que j’étais obligée de crier pour la libérer. Quelqu’un passant par hasard m’aurait pris pour une folle ! Mais fort heureusement, j’étais seule.

Réfléchissez aux moments de votre vie où vous avez ressenti une telle intensité. Il y a des personnes qui sautent à l’élastique ou qui se lancent dans des expériences toujours plus engagées pour ressentir de l’adrénaline.

Nous n’avons pas besoin de mettre notre vie en danger pour explorer ce type de jouissance ☺

Les attentions

Durant un voyage à vélo que j’ai réalisé il y a plusieurs années en Nouvelle-Zélande, un de mes plaisirs était de prendre une pause brunch en fin de matinée après avoir bien roulé depuis le petit matin.
Je commandais systématiquement un cappuccino. Et je prenais un grand plaisir à regarder la fougère ou le cœur dessiné dans la mousse.

Hypersensible et résilient : L’hypersensibilité est-elle une force qui permet la résilience ?Cela ajoutait à ce moment de repos et de plaisir gustatif, un plaisir esthétique.

J’appréciais que la personne qui me servait tourne le dessin dans le bon sens avec un grand sourire au moment de poser la tasse, pour que je puisse le voir. Je trouvais cela touchant que ce geste renouvelé probablement des dizaines de fois par jour, soit fait avec cette attention portée à ma personne.

Je remarque les attentions que l’on me porte sans obligation. Et cela fait partie des bénéfices d’être une personne hypersensible.

Par exemple, quand mon compagnon me prévient avant de sortir la grille du four (qui couine horriblement !), je me sens acceptée dans ma spécificité d’hypersensible au bruit et cela me touche.

L’attention que vous portez aux autres est tout aussi importante. Car c’est en donnant que l’on reçoit.
J’aime complimenter les gens, lorsque, bien sûr, je le pense sincèrement. Les personnes hypersensibles sont souvent plus bienveillantes que la moyenne et c’est une qualité bien appréciable.

Le monde ne serait-il pas plus agréable si chacun de nous disait aux autres ce qu’ils ont fait de beau et de bien ?

Le potentiel de développement supérieur

Des études publiées en 2012 ont démontré que des personnes, en particulier des enfants, disposant d’une haute sensibilité étaient plus à risque dans les « environnements difficiles », mais faisaient aussi bien que les autres dans des « environnements favorables ».

Avant cela, on supposait que les personnes hautement sensibles rencontraient généralement plus de problèmes, quel que soit leur environnement.
La découverte surprenante est que, étude après étude, dans de bons environnements, les individus sensibles ont, non seulement des résultats « tout aussi bons », mais de meilleurs résultats que les sujets non sensibles.

Voici quelques bénéfices qui ont été constatés dans la vie des sujets sensibles (enfants et adultes) évoluant en environnement favorable :

• Meilleure parentalité menant à de meilleures compétences sociales évaluées par les enseignants

• Meilleure parentalité menant à de meilleurs résultats scolaires

• De bonnes relations avec la mère conduisant à plus de « contrôle par l’effort » (volonté)

• Attachement sécurisé menant à une sociabilité ultérieure

• Rétroaction positive lors d’une formation en alphabétisme menant à de meilleures compétences en littérature

• Réactivité de la mère qui conduit l’enfant à se comporter de manière plus morale

• Thérapie cognitivo-comportementale pour l’anxiété entraînant une réduction de l’anxiété

• Récents événements de la vie positifs conduisant à des scores de névrotisme plus faibles, plus de satisfaction dans la vie

• Les émotions positives du partenaire avant de discuter d’un désaccord matrimonial menant à des sentiments plus positifs chez le partenaire sensible après la dispute

• Un programme favorisant la résilience conduisant à moins de dépression

Les facteurs de protection qui participent à la résilience

Ce que l’on oublie souvent de préciser, c’est que le processus de résilience est étroitement lié et encouragé par l’environnement de la personne résiliente. Comme les découvertes évoquées plus haut l’ont démontré. Autrement dit, on n’est jamais résilient tout seul.

La résilience est possible grâce à certains « facteurs de protection » qui compensent ou neutralisent les « facteurs de risque » (parents maltraitants, pauvreté, guerre…).

Les recherches en neuroscience sur la plasticité cérébrale ont montré que nous pouvons changer toute notre vie. Nous avons la possibilité, à tout âge, de construire l’environnement qui nous est le plus favorable en découvrant quels sont nos besoins spécifiques, et en les respectant.

Ce n’est pas autrement que j’ai construit ma propre résilience. Mais je ne l’ai pas fait seule. J’ai bénéficié de « facteurs de protection » que le chercheur français, Boris Cyrulnik, a longuement évoqués dans plusieurs de ses ouvrages.

On peut devenir résilient, en partie, grâce à des « tuteurs de résilience » (des enseignants qui nous encouragent, un membre de la famille qui nous défend, une famille d’accueil qui prend soin de nous, un supérieur hiérarchique qui détecte notre potentiel, un ami qui nous offre sa confiance…).

C’est ainsi que les enfants maltraités qui n’ont pas eu la chance de bénéficier d’un style d’attachement « sécure » (sécurisant) au sein de leur famille biologique, peuvent développer leur résilience ultérieurement.

L’amour, au sens large (amoureux, fraternel, amical) est fondamental dans la vie d’une personne très sensible. Se sentir accepté par une autre personne contribue à la guérison des blessures et donc à la résilience.
Il n’est pas nécessaire que la personne comprenne totalement nos spécificités. Mais qu’elle nous aime pour qui nous sommes, même si certains de nos besoins la laisse perplexe 😉

Un environnement favorable permet d’augmenter l’estime de soi d’un individu très sensible. Plus celle-ci augmente, plus le risque d’être affecté par un traumatisme diminue.

La capacité à s’adapter et à considérer les enjeux d’une situation douloureuse comme un challenge à relever, la vision de l’échec en tant qu’expérience d’apprentissage, participent également à la résilience.

Conclusion

Bien que très sensible, je sais bénéficier d’une solide capacité de rebond. Bien sûr, cela a demandé un long travail, qui n’est jamais terminé à mon sens 😉

Au vu des recherches scientifiques que je vous ai exposées et selon ma propre expérience, ce sont la connaissance de soi et les compétences sociales qui font la différence entre une personne hypersensible équilibrée et une personne hypersensible en souffrance.

Nous ne pouvons pas annihiler notre haute sensibilité car elle est biologique. Nous ne devons pas le faire car elle est précieuse.
Mais nous pouvons travailler sur ses aspects déplaisants (anxiété, susceptibilité…) en développant nos compétences intra et interpersonnelles.

J’espère vous avoir convaincu au travers de cet article qu’être hautement sensible et réactif ne vous condamne pas à la fragilité émotionnelle. À l’inverse, cela vous ouvre la voie à plus d’intelligence émotionnelle et de bien-être avec vous-même et les autres.

Vous n’êtes pas moins capables que quiconque de développer une résilience émotionnelle.
Bien au contraire.

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Axelle Lazeve