Le Bien-être Passe Par La Cuisinière

Il existe un lien étroit entre la psychologie et l’art de cuisiner. Non seulement par un besoin indiscutable de nourriture pour notre survie, mais aussi par le sens évident qu’il revêt dans le domaine social et comme pratique pour favoriser un état de bien-être personnel. Une sorte de ‘mindfulness’, un parcours intérieur pour mieux nous connaître et, pourquoi pas, pour mieux nous faire connaître de ceux qui nous entourent. Parce que notre relation avec la cuisine en dit beaucoup sur nous aussi.

La Cooking Therapy

Cuisiner a sûrement une grande valeur de partage, c’est une activité qui suppose souvent un moment ultérieur où un groupe, qui peut être une famille mais aussi s’étendre à des amis et des parents, se retrouve autour d’une table et se regarde dans les yeux. Il passe du temps ensemble, laissant au moins pour un moment d’autres distractions, communique, se confronte. Le fait de pouvoir souligner ce moment en partageant quelque chose qui gratifie les sens, comme le goût, devient une occasion en plus de faire en sorte que l’humeur et la disposition des participants soient le meilleur que l’on puisse souhaiter.

Cuisiner a justement une forte valeur sociale, au point de faire naître une thérapie appelée Cooking Therapy, un véritable traitement médical pour réduire l’invalidité dans diverses pathologies neurologiques (accident vasculaire cérébral, démence, traumatisme crânien) et psychiatrique (toxicomanie, schizophrénie, anorexie nerveuse).

Cuisiner a en effet le pouvoir de nous faire abstraction de ce qui nous entoure, d’éloigner d’autres pensées et de nous concentrer sur ce que nous faisons à ce moment précis. Il nous donne un répit de ce qui occupe normalement notre esprit, fonction particulièrement utile surtout quand ce quelque chose est représenté par des préoccupations et des pensées négatives. Soulage le stress (manipuler les ingrédients, comme pétrir la farine, a la même fonction relaxante que les balles anti-stress connues), enseigne à gérer le temps sans angoisse, nous fait nous sentir maîtres de la situation, en mesure de la contrôler et de la prévoir, avec des effets calmants et rassurants.

Cuisiner comme forme d’expression

La façon dont nous cuisinons en dit beaucoup sur nous, par exemple, nous montre à quel point nous sommes créatifs, à quel point nous sommes capables de faire face à un imprévu (avez-vous déjà été aux prises avec une recette et au milieu de sa réalisation, vous avez remarqué qu’il vous manque un ingrédient essentiel?), à quel point nous savons être patients pour différer une gratification et à quel point nous sommes capables de faire face à une déception, si notre recette est en dessous des attentes ou si le four décide de nous jouer quelques mauvaise blague.

Cuisiner est une façon de montrer de l’affection et de l’attention à ceux qui sont proches de nous et de partager ces plats avec eux. Mais c’est aussi une façon de prendre soin de nous-mêmes et d’exprimer notre humeur: aujourd’hui, je cuisine cela parce qu’il est en phase avec la façon dont je me sens.

Si nous cuisinons seulement pour nous-mêmes, nous avons l’occasion de nous mettre en jeu sans nous sentir jugés, libres de nous laisser aller et d’être nous-mêmes, et libres d’évaluer les résultats que nous aurons atteints sans craindre d’être critiqués. En outre, il est bien connu que prendre soin de soi a le pouvoir de rendre plus heureux.

Seul ou en compagnie

Selon que l’on s’y consacre à l’art culinaire seul ou en compagnie, les objectifs, les effets et les avantages varient.

Cuisiner soi-même nous permet de prendre du temps exclusivement pour nous-mêmes, de nous organiser, de nous gérer, de prendre l’initiative, de décider comment se comporter, par exemple si suivre un plan préétabli ou mettre en jeu notre créativité. Et le résultat (si tout se passe bien) sera une gratification à nos capacités.

Si nous cuisinons en groupe, partageons une expérience, comparons-nous avec les autres, collaborons pour atteindre un objectif commun, divisons les rôles et les espaces, Nous cimentons l’entente et obtenons une satisfaction qui concerne le travail d’équipe et la capacité d’interagir plus que les capacités individuelles.

Certaines entreprises comptent même sur la cuisine pour leur stratégie de team building, c’est-à-dire les pratiques mises en place dans le domaine des ressources humaines pour former un groupe cohérent et capable d’exprimer au mieux le potentiel de chacun. Les collègues qui ont partagé une expérience aux fourneaux en ont tiré des bénéfices considérables, tant du point de vue de leur capacité à collaborer que de leur créativité.

Parfois, cuisiner devient aussi un prétexte pour garder le contact avec des amis, des gens qui ne sont peut-être pas avec nous en ce moment mais avec qui nous échangeons des recettes, des expériences et des conseils. Il renforce notre rôle au sein d’un groupe et éloigne la peur de nous sentir seuls.

Une nouvelle conception

Même la conception de la cuisine, comprise comme espace où expérimenter notre habileté aux fourneaux, a changé radicalement au cours des dernières années. Si une fois les cuisines étaient locales à part où les invités extérieurs n’avaient pas accès, aujourd’hui cuisiner est de plus en plus un acte de partage. Les cuisines sont plus ouvertes, parfois elles ne font qu’un avec le salon, et voir l’hôtesse cuisiner ou peut-être en collaborant avec elle aux dernières finitions, est considéré comme quelque chose de plus en plus normal et agréable.

Donc, seul ou en compagnie, cuisiner nous aide à nous confronter à nous-mêmes, avec nos compétences et nos limites, facilite la confrontation avec les autres et la capacité de coopérer. Et si vous vous sentez nié pour la cuisine, il est temps de dissiper cette conviction: il est en effet prouvé que sortir de sa zone de confort et faire face à une situation qui rend mal à l’aise augmente l’estime de soi et la confiance en soi! Essayer pour le croire!

Annalisa Balestrieri