L’Art De Débattre, Un Jeu Qui s’Apprend

Le débat se différencie de la conversation par sa visée prosélyte affichée. Lorsque l’on débat, c’est pour convaincre, ou du moins prouver le bien-fondé de certaines idées sur un domaine donné.

Les philosophes de l’antiquité en ont fait un pan entier de la philosophie avec la dialectique. Cet art de converser jusqu’à l’apparition d’un consensus ou d’une vérité englobant les deux points de vues qui se combattent.

Lorsque l’on débat, c’est pour convaincre, ou du moins prouver le bien-fondé de certaines idées sur un domaine donné. Les armes déployées au travers d’un écran ne sont pas les mêmes.

C’est dans le réel que les véritables débats peuvent avoir lieu. Pas besoin de compter ses mots ou de se relire, la parole possède l’immédiateté, la spontanéité qui est irremplaçable. Vous en avez marre de toujours finir par laisser l’autre crier tandis que votre point de vue n’est pas bien compris selon vous ?

Vous voulez imposer le respect de tous et que chacun puisse développer son point de vue sans être interrompu ?

Cherchons quelques éléments de réponse.

débat
L’art du débat est une des plus vieilles activités humaines.

Photo par janeb13, CC0

La forme avant le fond

Avant tout, la forme. Cela peut paraître étrange, mais, ce qui compte le plus lorsque vous débattez, tant entre amis que dans un débat public, c’est la forme que prendront vos mots, mais aussi vos silences.

Tout bon orateur vous parlera de la musicalité des mots. Il faut savoir jouer des tons, mais aussi appuyer certaines paroles d’un ton plus élevé pour les accentuer.

Lorsque c’est à l’autre de répondre et même si c’est difficile, gardez le silence. S’il dit des choses qui vous semblent fausses, notez-les, mais ne dites rien. Ainsi, vous vous garantissez la première victoire. L’homme étant un concentré de passions, surtout lorsque l’on débat. Il est donc très difficile pour lui de ne pas répondre directement à une chose qui lui paraît foncièrement fausse.

Si vous arrivez à garder le silence, vous pourrez reprocher à vos adversaires de ne pas respecter votre parole, ou bien même insinuer qu’ils ont peur de ce que vous allez dire. Ce dernier argument fait toujours effet. S’ils continuent, ils vous donneront raison sur leurs craintes de voir leurs arguments tomber à l’eau. S’ils s’arrêtent, vous pourrez développer votre argumentaire tranquillement. Les silences et les changements de ton donc. Deux choses essentielles.

N’ayez pas peur des silences que vous provoquez, au contraire. C’est le signe que vous maîtrisez réellement le débat. Un petit silence avant votre prise de parole signifie intuitivement que vous allez dire quelque chose d’important. Ce n’est peut-être pas vrai, mais c’est ainsi que notre cerveau fonctionne. Jouez-en !

Imaginez une partie de poker où tout le monde mise sans interruption. Puis vient votre tour. Vous cessez le rythme frénétique des autres et après quelques secondes, vous déposez vos jetons. L’effet sera alors bien différent.

Autrui comme pont et non comme mur

Il s’agit avant tout d’une conversation. Écoutez donc attentivement vos adversaires, analysez leurs arguments, vous trouverez sans doute du carburant pour votre propre réflexion. Le débat est un échange avant d’être une lutte. Cela dit, il ne sert à rien d’enjoliver la réalité, comme dans tous combats idéelles, il s’agira tout de même d’en sortir vainqueur. Ici comme ailleurs, les enseignements des maîtres de la stratégie militaire peuvent beaucoup nous apporter.

Dans cette optique, la nécessité de connaître celui avec qui l’on débat est primordiale pour utiliser des manœuvres de contre. Si la personne nous est étrangère, une connaissance, ne serait-ce que partielle de son argumentaire, est essentielle. S’aventurer en terrain inconnu peut toujours être très risqué.

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Débattre en public est toujours un exercice compliqué. Le comportement est essentiel alors pour remporter l’adhésion.

Photo par rocheartist, CC0

Reprenons donc l’analogie d’une partie de poker pour bien illustrer cela. Pour pouvoir bluffer avec force tout en contrôlant le jeu, il faut entrevoir les mains de poker de ses adversaires au-travers de leurs comportements. Il est gêné par un de vos arguments, insistez sur celui-ci, vous pouvez même développer un argumentaire à partir de celui-ci. Si vous avez trouvé une faille, faufilez-vous à l’intérieur pour que le reste s’écroule. 

Utiliser les propres arguments des adversaires pour les retourner contre eux est le Graal du débat, mais cette occasion est risquée et peu banale.

Jouer sur ce qui est induit de votre comportement

La connaissance de son sujet, de son adversaire, la gestion des tons et des silences, voilà quatre piliers pour remporter la plupart de vos débats haut la main. La forme est aussi importante que le fond.

C’est sans doute malheureux, mais c’est un fait. Préférez donc une attitude calme et pondérée. Cela nuancera vos idées, même les plus radicales. C’est un biais cognitif connu. Vous pouvez crier les meilleurs arguments du monde à l’oreille de votre interlocuteur, s’il se sent agressé ou en inconfort, ils n’auront aucun impact.

Pour finir, parlons de la règle d’or des débats, savoir dire que l’on ne sait pas. Personne n’est un cyborg doté d’une culture infinie. Savoir reconnaître son ignorance et écouter son adversaire n’affaiblit pas vos propos, au contraire.

Comme pour le poker, devant un jeu inconnu, le plus sage reste encore de se coucher. Un bon débatteur et un bon joueur ont ceci en commun, ils savent se taire et écouter pour les uns, passer leurs tours pour les autres.

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